Réservoir Saint-Michel à Brennilis. © EPAGA
Gestion des eaux souterraines
Outstanding result / De nouveaux outils pour la gestion des ressources en eau souterraine
Le changement climatique crée des défis structurels aux gestionnaires des ressources en eau : l’apparition d’un déficit en eau ; l’augmentation des sécheresses qui pourrait engendrer des dommages économiques à moyen et long terme ; et des difficultés à maintenir des conditions hydrologiques favorables à la biodiversité dans les cours d’eau. Plus particulièrement, le changement climatique, les épisodes extrêmes posent de nouveaux problèmes aux acteurs impliqués dans l’alimentation en eau potable (AEP) : communautés de communes, syndicats, établissements publics de bassin, acteurs économiques, etc., et plus généralement les citoyens. Trop souvent encore, ces problèmes sont considérés aux échelles de gestion locales de l’AEP, alors qu’ils ne peuvent être résolus efficacement que collectivement, à une échelle supérieure.
Le cas de la Bretagne est emblématique. Elle fait face à une augmentation inattendue de la consommation d’eau potable depuis trois ans (plus 8 % à 10 % par rapport à la décennie précédente) et connait depuis une tendance au développement de périodes plus sèches en automne.
Pour y répondre, le BRGM développe deux projets. À l’échelle régionale, le projet « De l'Eau pour Demain » vise a une amélioration des connaissances sur les besoins et les ressources. Il est réalisé en synergie avec le projet Interreg « Water for Tomorrow », développant un outil d’aide à la décision pour la sécurisation de l’AEP sur le territoire de six communautés de communes du Sud-Finistère.
« De l'Eau pour Demain » : connaissance et compréhension de l’impact du changement climatique sur les ressources en eau
Le projet « De l’Eau pour Demain » a été lancé en 2021. Le projet est financé par l’Agence de l’eau Loire Bretagne, le Conseil régional de Bretagne et le BRGM. Il rassemble les trois syndicats départementaux d’eau potable de Bretagne, ainsi que le conseil départemental du Finistère et le BRGM pour une réalisation technique commune. Il vise à apporter des éléments de connaissance et de compréhension sur l’impact du changement climatique sur les ressources en eau de Bretagne.
La première phase du projet : mieux connaitre les consommations d’eau potable du réseau public, les comportements des utilisateurs et caractériser la vulnérabilité et la résilience des ressources en eau dont dépendent ces usages. Elle doit permettre de faire un bilan des données disponibles sur les consommations (besoins), les mécanismes de consommation en œuvre lors des épisodes de sécheresse et les ressources disponibles.
Une deuxième phase vise à mieux connaitre le comportement des ressources en eau (barrages et eaux souterraines) sous différentes contraintes climatiques pour améliorer la gestion quantitative des ressources et des infrastructures d’alimentation en eau potable, notamment en situation de crise (sécheresse).
Un volet hydrogéologique doit aussi déterminer les aquifères les plus résilients aux sécheresses et identifier les secteurs à privilégier pour effectuer de nouvelles recherches en eau souterraine.
Cartes de défaillance de l’approvisionnement en eau potable au mois d’août pour différents scénarios, dans un contexte de demande accrue à horizon 2050 (vert = pas de défaillance, rouge = 50 % de défaillance, noir = 100 % de défaillance). © BRGM
« Water for Tomorrow » : des outils et approches innovantes pour la gestion de l’eau
Le projet « Water for Tomorrow » est mené sur trois sites pilotes en Angleterre et deux sites pilotes en France, dont un dans le Sud-Finistère. Il est financé par le programme européen Interreg et a pour objectif de développer et tester des outils et approches innovantes pour la gestion de l’eau. Ils devraient permettre une gestion plus réactive à court terme des épisodes de sécheresse, et une meilleure planification des investissements et de la gestion de l’eau à long terme pour les territoires.
Sur le site pilote Sud-Finistère, un modèle hydro-économique de l’AEP a ainsi été co-construit et utilisé de façon participative avec les acteurs du territoire. Cet outil exploratoire d’aide à la décision permet d’évaluer les impacts de différents scénarios à moyen-long terme pour le territoire. Dans un premier temps, il a permis d’anticiper les déficits ressources-besoins face à différents scénarios d’évolutions futures. Ces déficits ont été quantifiés et localisés. Dans un deuxième temps, il a permis d’évaluer l’efficacité de différentes mesures et combinaisons de mesures d’adaptation face aux vulnérabilités anticipées, et ainsi d’initier une stratégie de gestion collective.
C’est un outil novateur pour développer une planification collective de l’AEP, rassemblant des acteurs qui n’avaient pas forcément l’habitude de travailler ensemble.