Ressources minérales et approvisionnement responsable
Outstanding result / L’Ofremi, fer de lance de l’intelligence minérale
Il met en œuvre, depuis 2023, une feuille de route définie par son comité stratégique, qui associe les pouvoirs publics et les principales filières industrielles. L’Ofremi mobilise pour cela, au sein de ses six établissements partenaires – le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l’IFP Énergies nouvelles (IFPEN), l’Agence de la transition écologique (Ademe), l’Institut français des relations internationales (Ifri), le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et le BRGM, qui pilote le dispositif – une force de travail pluridisciplinaire et multithématique : géologie des ressources, technologies pour l’industrie, évolution des marchés, risques géopolitiques, impacts environnementaux. Mais il s’appuie aussi sur l’écosystème français des ressources minérales, qui lui donne accès à une diversité d’expertises et de données pour mener à bien ses missions : veille sur les chaînes de valeur à l’échelle mondiale, estimation des besoins en matières minérales, évaluation de leur criticité, quantification des risques d’approvisionnement, proposition d’actions.
Des recommandations co-construites
Cette mutualisation des compétences et des connaissances a été mise à profit notamment pour une étude sur le cuivre. « Ce métal, déjà utilisé dans tous les secteurs industriels, est l’objet d’une demande en forte croissance liée à l’électrification de la mobilité, analyse Mathieu Leguérinel, qui porte cette action. La France pourrait être confrontée à un déficit de cuivre pour ses besoins industriels si aucune mesure n’est prise. » Pour réduire la tension entre l’offre et la demande, l’Ofremi livre ainsi des recommandations, co-construites avec l’ensemble des parties prenantes, parmi lesquelles la mise en place d’une stratégie nationale du cuivre et le développement de la production secondaire par l’essor du recyclage sur le territoire français.
Les enjeux environnementaux sont partie intégrante des travaux de l’observatoire sur les chaînes d’approvisionnement. C’est à travers ce prisme, notamment, qu’ont été évaluées les deux principales filières de production de lithium actuellement au niveau mondial, à partir de saumures en Amérique du Sud et de roches dures en Australie et en Chine. « Dans un contexte où des projets d’extraction de lithium émergent sur le sol européen, à partir d’eaux géothermales ou de roches dures, il s’agissait de fournir un benchmark international cohérent, car fruit d’une méthodologie harmonisée, de l’empreinte environnementale de ces différentes filières, explique Frédéric Lai, porteur de l’action. L’objectif est de promouvoir les avantages compétitifs des filières européennes sur le plan environnemental, en termes d’émissions de carbone et de consommation d’eau. »
La demande en cuivre ne cesse de croître, sous l’effet notamment de l’essor des mobilités électriques. © Adobe Stock
Des démonstrations concrètes
Si l’Ofremi a mis en place une « ligne directe » pour pouvoir rapidement aider les acteurs publics, industriels et économiques à définir les meilleures réponses possibles en cas de tensions sur une ressource minérale, il s’attache, au-delà, à les sensibiliser à la nécessité de sécuriser les approvisionnements. Et ce, par des démonstrations concrètes : « Partant d’une cartographie de la chaîne de valeur de la matière minérale considérée – comme nous l’avons fait pour le gallium, le germanium et le graphite – nous identifions la ou les étapes où la vulnérabilité est la plus forte, puis nous simulons des situations réelles en appliquant un ‘stress’, une perturbation, sur ce maillon ‘faible’, décrit Gaétan Lefebvre, coordinateur de l’Ofremi. Nous pouvons en déduire les conséquences et même chiffrer leur valeur monétaire, que nous appelons ‘le coût de l’inaction’. » Les conclusions incitent à anticiper ces crises potentielles en mettant en place des mesures de prévention adaptées…
Le gallium entre dans les chaînes de valeur de nombreuses industries. Les cartographier permet d’identifier les vulnérabilités associées, à des fins de sécurisation des approvisionnements. © Ofremi
L’expertise développée par l’Ofremi sur les chaînes de valeur et la criticité des ressources minérales a contribué à le propulser sur le devant de la scène européenne. Aussi le BRGM s’est-il imposé naturellement comme le coordinateur du troisième volet du projet européen SCRREEN lancé en 2024. Mis en œuvre par un consortium de quinze partenaires (services géologiques, instituts de recherche, associations industrielles…), SCRREEN-3 utilise la veille effectuée par l’observatoire et les données qu’il collecte pour apporter un appui technique à la Commission européenne sur plus de 80 matières premières minérales, dont 34 considérées comme critiques et 17 comme stratégiques, pour les transitions énergétique et digitale mais aussi peut-être, demain, pour la défense. « Nous offrons une vision globale des chaînes d’approvisionnement mondiales, en portant – c’est la valeur ajoutée de SCRREEN-3 – un éclairage particulier sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) », souligne Gaétan Lefebvre, qui coordonne également ce projet. L’objectif est, là encore, d’orienter vers les filières d’approvisionnement les plus sûres et les plus vertueuses.
Selon l’Ofremi, le déficit entre l’offre et la demande mondiales en cuivre avoisinerait les 6 millions de tonnes en 2035 dans un scénario « Business as usual » et descendrait sous les 2,7 millions de tonnes grâce à des leviers de sobriété. © Ofremi