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Transition énergétique et espace souterrain

L'interview partenaire

François Bayrou Haut-Commissaire au Plan

Portrait et citation
François Bayrou Haut-Commissaire au Plan
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Le BRGM a été essentiel au plan d’action géothermie, car ce qui était au départ une intuition devait être garanti par une institution de très haute capacité scientifique. Le BRGM a été le garant de ce que notre affirmation était juste. Nous portons ensemble cet immense enjeu.
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Réalisation d’un champ de 13 forages géothermiques de 100 m de profondeur sur la plateforme Géothermie du BRGM. © BRGM / Ademe - D. Depoorter

Pourquoi, après avoir été longtemps mise à l’écart, ce retour de la géothermie ?

François Bayrou — En 2021, le Haut-Commissariat au Plan a publié une étude sur les énergies. Je crois qu’elle a joué un rôle dans l’évolution des esprits, car elle a mis en évidence le fait que si l’on voulait du renouvelable, comme tout le renouvelable ou presque jusqu’à maintenant est intermittent, il fallait le compléter par ce que l’on appelle du pilotable, et le seul pilotable qui n’émette pas de gaz à effet de serre est le nucléaire. Cette étude, très commentée à l’époque, a contribué à faire bouger le rapport de forces et en quelques mois l’opinion publique est devenue massivement pronucléaire. La réflexion sur la géothermie est du même ordre. Mais beaucoup plus simple : nous sommes à la recherche éperdue d’économies d’énergie (chauffage et climatisation pèsent actuellement de l’ordre de 50 % de la consommation) et il y a sous nos pieds un réservoir d’énergie inépuisable et gratuit.

Un réservoir capable de résoudre sur 95 % du territoire français les problèmes de chauffage et de climatisation, en économisant 80 % de l’électricité nécessaire pour obtenir le même résultat dans le cas du chauffage, et beaucoup plus encore dans le cas de la climatisation ou du rafraichissement. De plus, c’est une énergie décentralisée qui donne de l’autonomie. Mais ce potentiel a été ignoré. Ce n’est pas tant le fait des opérateurs d’énergie que celui d’une inertie notamment liée à des coûts longtemps bas des énergies polluantes. Peu de monde finalement y croyait, alors que toutes les technologies existent. Dans le cadre des « éclairages » relatifs aux « grands enjeux de demain », nous avons donc lancé le 13 octobre 2022, en présence du BRGM, un plan d’action ambitieux de développement de la géothermie de surface. Ce rapport lui aussi a fait bouger les choses, dans une conjoncture favorable et aussi parce qu’il y a eu une parfaite entente avec le BRGM.

Y a-t-il des conditions pour la réussite de ce plan ?

Fr.B. — Ma conviction, avec Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique avec qui j’ai présenté notre plan d’action géothermie le 2 février dernier, est que le développement de la géothermie pourra contribuer substantiellement à nos objectifs de souveraineté stratégique et énergétique, d’atteinte de la neutralité carbone et de sortie des énergies fossiles. Mais il y a deux conditions : la reconstruction d’une organisation pour la formation des foreurs, et la possibilité d’étaler les financements sur 25 ou 30 ans pour les foyers, car cela a un coût à l’installation.

Quel rôle alors pour le BRGM ?

Fr.B. — Le BRGM a été essentiel car ce qui était au départ je dois dire une intuition, devait être garanti par une institution de très haute capacité scientifique. Le BRGM a été le garant de ce que notre affirmation était juste. Nous portons ensemble cet immense enjeu.