Eau souterraine et préservation de la ressource
L'interview partenaire
Delphine Albouy Cheffe de la mission CASP Projets prioritaires à la direction de l’Eau et de la Biodiversité, direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature, ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
À quels enjeux faites-vous face aujourd’hui ?
Delphine Albouy – À la direction de l’Eau et de la Biodiversité, nous devons répondre aux grands défis environnementaux. Pour cela, nous travaillons au carrefour de nombreux enjeux tels que les politiques publiques, la recherche, l’innovation, le climat, les territoires... Il y a alors un changement majeur pour nous : la nécessité de réintroduire dans nos missions le temps long pour mieux nourrir la décision publique.
Ce temps long redéfinit-il l’approche scientifique d’appui aux politiques publiques ?
D. A. – Oui car, dans la commande publique, nous sommes souvent sur un temps court pour répondre dans l’immédiateté à des besoins de prise de décision. Avec le projet Explore2 par exemple, nous avons eu l’opportunité de mener une recherche sur le temps long : nous avons démarré en 2021 et les scientifiques du BRGM ont livré l’étude en 2024. D’autre part, nous travaillons sur des projets qui peuvent intégrer de très nombreux acteurs. Avec une approche transversale sur des systèmes complexes, multi-acteurs et dans ce temps long, nous redéfinissons, en quelque sorte de façon holistique et selon nous novatrice, l’appui à la décision publique. Cela est parfaitement rendu possible par des acteurs comme le BRGM. Notre partenariat avec l’établissement prend ici tout son sens : une expertise non seulement solide et intégrée, mais aussi et surtout prospective.
Comment cela se traduit-il dans les projets ?
D. A. – Revenons sur l’étude Explore2, lancée par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et l’Office international de l’eau (OiEau) à partir de cette question : comment le réchauffement climatique affectera-t-il la ressource en eau en France métropolitaine à l’horizon 2100 ? Le BRGM a proposé un panel inédit de projections hydrogéologiques, d’une façon qui réponde justement à la préoccupation que j’ai énoncée. Avec une approche systémique qui croise scénarios climatiques, données hydrogéologiques, dans une optique de long terme. En résumé, en modélisant l’évolution du cycle de l’eau dans un contexte climatique en mutation, à l’échelle nationale et infranationale, le BRGM contribue de manière forte au besoin croissant d’anticipation.