Énergie du sous-sol et décarbonation
L'interview partenaire
Sylvain Waserman Président-Directeur général de l’Agence de la transition écologique (Ademe)
Pourquoi avoir signé un accord-cadre avec le BRGM ?
Sylvain Waserman — En janvier 2024, l’Ademe a signé un accord-cadre de cinq ans avec le BRGM, qui renforce notre collaboration au service d’une gestion durable des ressources du sous-sol. Si nos relations sont historiques, elles prennent ainsi une nouvelle dimension. Nous avons, en effet, un enjeu absolument majeur sur la géothermie ! De toutes les technologies qui existent, notamment pour les réseaux de chaleur des bâtiments, une seule répond véritablement aux enjeux de la transition écologique, à savoir le besoin de chaleur en hiver (l’atténuation, avec moins d’impact carbone) et de rafraîchissement en été (l’adaptation, notamment aux pics de canicule) : la géothermie, de surface ou profonde. Ce partenariat arrive à un moment où, ensemble, nos compétences peuvent donner un coup d’accélérateur à la géothermie et à l’utilisation du sous-sol pour répondre aux enjeux de la transition écologique et renforcer la souveraineté énergétique de la France.
La géothermie se heurte pourtant à des freins…
S. W. — Malgré l’intérêt de cette solution, force est de constater qu’elle ne perce pas au niveau auquel on pourrait s’attendre légitimement. Concernant la géothermie de surface, deux facteurs sont des freins actuellement : le coût du forage, jusqu’à 200 mètres, mais aussi les a priori des professionnels et des porteurs de projets liés à ces coûts. Nous avons besoin d’un choc de l’offre pour rendre la solution plus abordable. Par ailleurs, la méconnaissance de certaines zones du territoire limite le recours à la géothermie profonde en dehors des zones de développement historique. L’Ademe et le BRGM travaillent à l’amélioration des connaissances au travers de programmes communs, comme Geoscan, pour permettre ensuite un meilleur accompagnement des collectivités par nos directions régionales.
Quelle est la nature de votre collaboration avec le BRGM ?
S. W. — Elle porte aussi sur d’autres axes de travail : le stockage géologique de CO2, sur lequel il faut être attentif et prudent ; et l’hydrogène « blanc », depuis sa recherche dans le sous-sol jusqu’à l’étude des possibilités d’exploitation, des technologies à déployer et des solutions de stockage souterrain. Sur toutes ces thématiques, nous avons besoin d’acteurs objectifs comme le BRGM pour proposer une lecture scientifique des choses afin que le politique puisse décider. Le travail avec le BRGM prend ainsi toute son importance : il est essentiel de croiser nos regards de scientifiques et d’experts venant d’horizons différents. Nous créons des passerelles et des synergies entre nos équipes, sans dupliquer les compétences…