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Risques liés au sol et au sous‑sol

Résultat remarquable / La toute première cartographie européenne de la subsidence côtière

Introduction d'entête
Le BRGM a produit, à l’échelle de l’Europe, une carte qui quantifie les mouvements verticaux du sol dans les zones littorales de basse altitude. Ce travail inédit met en évidence dans certains secteurs un affaissement – la subsidence – qui, conjugué à l’élévation du niveau de la mer, accroît les risques côtiers.
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L’étude de la subsidence portait sur 41 000 plaines côtières inondables en Europe, notamment celles qui accueillent des infrastructures et des activités critiques, comme ici le port d’Arès sur le bassin d’Arcachon, en Gironde. © Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, Agence Odds

L'élévation du niveau de la mer causée par le réchauffement climatique est aujourd’hui bien connue. Les mesures effectuées par satellite sur les trente dernières années la chiffrent globalement à 3,6 millimètres par an. Mais ce n’est pas tout : localement, le sol peut s’enfoncer et amplifier la hausse relative du niveau marin. « En Europe, la moitié des zones côtières de basse altitude sont impactées par ce qu’on appelle la subsidence », alerte Rémi Thiéblemont, qui a étudié ce phénomène au niveau européen. Un travail impossible jusqu’à récemment… 

Les données EGMS de Copernicus

« Cartographier les mouvements verticaux du sol à l’échelle suprarégionale a longtemps été empêché par le manque de données et de services adaptés », explique-t-il. Le service EGMS (European Ground Motion Service) développé par un consortium de chercheurs dans le cadre du programme d’observation de la Terre de l’Union européenne Copernicus a permis, en combinant deux méthodes – l’interférométrie radar (InSAR) et le système de positionnement par satellites (GNSS) – de débloquer la situation : il fournit une caractérisation des mouvements du sol en Europe de grande qualité et de haute résolution, avec une précision millimétrique ! « Le BRGM a été le premier organisme à utiliser les données EGMS à cette échelle », souligne Rémi Thiéblemont qui, pour les besoins de cette étude, s’est intéressé uniquement à celles concernant les côtes. Au total, 41 000 « plaines côtières inondables » ont été prises en compte, incluant les secteurs à enjeux car accueillant des centres urbains ou des infrastructures critiques comme les ports et les aéroports. 

Ces données ont fait l’objet de traitements statistiques afin d’offrir une vision d’ensemble spatialisée des mouvements verticaux du sol (élévation, stabilité, affaissement) sur les côtes européennes. Les résultats invitent à considérer pleinement ce phénomène, qui varie d’un pays à l’autre. Parmi les plus touchés : l’Italie, les Pays-Bas mais aussi la France, dont plus de 50 % des zones côtières de basse altitude connaissent une subsidence supérieure, en moyenne, à 1 millimètre par an. Le phénomène est d’autant plus important dans les secteurs qui supportent une population dense ou des infrastructures lourdes, dépassant même par endroits les 5 millimètres par an !

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Les diagrammes rouges, blancs et bleus indiquent respectivement la proportion, par pays, de la zone de plaine côtière inondable qui est, en moyenne, en élévation (> 1 mm/an),  stable (entre -1 mm/an et 1 mm/an) et en affaissement (< -1 mm/an). © BRGM

Mutualiser les compétences et les approches

Cofinancé dans le cadre de deux projets européens – CoCliCo, sur l’élévation du niveau de la mer et l’adaptation et GSEU, plus particulièrement le volet sur la vulnérabilité côtière et le changement climatique –, « ce travail livre, sur la subsidence côtière en Europe, une base solide, précise et homogène car issue d’une seule et même méthode de quantification à cette échelle », fait valoir Aurélie Maspataud. Si ces résultats permettent de corriger les modèles existants de projection du niveau de la mer et de calcul des risques côtiers liés à la submersion marine, ils ne permettent pas d’extrapoler jusqu’à de lointains horizons. « Étant basés sur des observations récentes sur une période courte (2016-2021), ils sont comme une photographie à l’instant t de la subsidence côtière, poursuit Aurélie Maspataud. Or, pour élaborer des projections, il faut comprendre les causes à l’origine du phénomène et connaître son évolution passée sur un temps long. » Ces questions ont débouché notamment sur une proposition de thèse en Nouvelle-Aquitaine, encadrée par le BRGM, qui vise à éclairer les mécanismes sous-jacents des mouvements verticaux du sol en croisant les données EGMS avec les données géologiques et hydrogéologiques.

Cette première cartographie de la subsidence côtière en Europe a, cependant, interpellé la communauté scientifique. L’article publié à l’été 2024 dans la revue Earth’s Future a fait prendre conscience de la nécessité, pour aborder ce sujet, de mutualiser les compétences et les approches : celles des scientifiques spécialisés dans l’impact du changement climatique sur le niveau marin et celles des géologues travaillant sur la subsidence côtière, le tout au niveau européen. L’enjeu, concluent Rémi Thiéblemont et Aurélie Maspataud, est d’importance : « développer la connaissance de ce phénomène pour mieux évaluer les risques associés et éclairer les stratégies de gestion côtière en Europe ». 

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Le BRGM a été le premier organisme à utiliser, à cette échelle, le service EGMS de Copernicus, le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne. © BRGM

Portrait de l'auteur
Rémi Thiéblemont Ingénieur géologue sur les risques côtiers et le changement climatique
Prénom de l'auteur
Rémi
Nom de l'auteur
Thiéblemont
Métier de l'auteur
Ingénieur géologue sur les risques côtiers et le changement climatique
Portrait de l'auteur
Aurélie Maspataud Ingénieure géologue sur les risques côtiers et le changement climatique
Prénom de l'auteur
Aurélie
Nom de l'auteur
Maspataud
Métier de l'auteur
Ingénieure géologue sur les risques côtiers et le changement climatique
Ce travail livre, sur la subsidence côtière en Europe, une base solide, précise et homogène car issue d’une seule et même méthode de quantification à cette échelle