Numérique pour les géosciences
L'interview partenaire
Romain Millot Directeur scientifique de Lithium de France
Qu’est-ce que le lithium géothermal par rapport aux autres procédés d’extraction ?
Romain Millot — C’est un moyen très novateur sur lequel Lithium de France, filiale d’Arverne Group, entreprise à mission, est en position de pionnier. À côté de l’extraction minière classique, sous la forme de roche, et des salines que l’on trouve en Amérique du Sud, où le lithium précipite, le lithium géothermal couple la géothermie profonde, qui alimente les réseaux de chaleur, et l’extraction de lithium de l’eau géothermale. Ce procédé a le mérite d’avoir un impact moindre et de répondre à la demande de relocalisation de la filière lithium pour les batteries (mobilité électrique). C’est un outil de décarbonation et de souveraineté.
Pourquoi avoir noué un partenariat avec le BRGM ?
R. M. — Le principe est le suivant : l’eau géothermale profonde (20 bars à 2,5 km de profondeur), très chaude (180 °C) et très salée, « lessive » des roches riches en lithium et met celui-ci en solution. Nous le récupérons en surface dans l’eau géothermale, dont les calories sont récupérées en parallèle pour alimenter des réseaux de chaleur. Dans ce contexte, il s’agit pour nous de mieux comprendre la ressource en lithium du sous-sol alsacien – l’un des sites possibles en Europe pour la mise en œuvre de ce procédé – grâce à l’acquisition de données expérimentales pour alimenter des codes numériques de modélisation géochimique. Le BRGM a commencé à travailler sur ce sujet dans les années 2010. Nous nous sommes donc tout naturellement rapprochés, en signant le 3 juillet 2024 un partenariat à la fois scientifique et de recherche appliquée concernant le Fossé rhénan, un système géologique situé en Alsace du Nord.
Concrètement, nous exploitons des données du sous-sol mises à disposition par le BRGM, mais nous menons aussi des campagnes communes d’acquisition de nouvelles données. Et, surtout, nous modélisons le cycle d’enrichissement naturel du lithium dans les réservoirs géologiques : les simulations en 3D réalisées avec les outils numériques de premier plan du BRGM nous permettent d’optimiser l’exploration et de mieux évaluer la ressource.
Avez-vous déjà de premiers résultats ?
R. M. — Les données, les services numériques et les capacités de géomodélisation du BRGM sont essentiels pour des projets innovants comme le lithium géothermal. Nous affinons petit à petit, avec ces travaux, notre vision de la circulation en profondeur dans ce que nous appelons des « boucles », à la fois de flux de chaleur et de régénération de la ressource en lithium. Nous sommes très optimistes sur la production future de lithium géothermal.