Cartes de l’aléa glissements de terrain pour des périodes de retour de 10 ans (a) et 50 ans (b), pour les événements climatiques de type cyclone intense, comme Idai en 2019. © BRGM
Risques liés au sol et au sous‑sol
En bref
Malawi - Une cartographie nationale de l’aléa glissements de terrain
Le BRGM et le service géologique du Malawi ont collaboré sur des cartes de l’aléa glissements de terrain propres au pays. La première étape consistait à améliorer la précision de l’inventaire de ces événements et collecter des informations à leur sujet. Ces données ont permis de conduire des analyses de susceptibilité et de calculer la probabilité de réactivation des glissements de terrain pour six périodes de retour (de 1 à 100 ans) à la suite d’événements météorologiques, aboutissant à des cartes d’aléa pour différents types de phénomènes. Divers scénarios spatio-temporels ont ainsi pu être élaborés à l’échelle nationale.
Crises sismiques : SEISAid en voie d’opérationnalisation
Le BRGM a développé un outil de réponse rapide en cas de séisme, qui couvre actuellement les Antilles françaises et Mayotte : SEISAid fournit en moins de 20 minutes des estimations fiables du nombre de bâtiments endommagés et de blessés à secourir et les restitue dans des communiqués envoyés automatiquement par courrier électronique et SMS. L’établissement a signé en décembre 2024, avec le ministère de l’Intérieur, une convention visant à faire évoluer SEISAid d’un démonstrateur scientifique vers un outil opérationnel, robuste et évolutif.
Les fonds pédogéochimiques au service des sites et sols pollués
Les fonds pédogéochimiques anthropisés (FPGA) sont, pour les aménageurs urbains, des outils d’aide à la décision pour la réalisation d’états des lieux ou de diagnostics de sol et l’identification de sites receveurs compatibles pour valoriser les terres excavées. La base de données des analyses de sols urbains BDSolU permet de bancariser les résultats obtenus lors de divers projets. Son exploitation a permis, en 2024, de mettre à la disposition du public les premières statistiques et lignes de base de FPGA pour les zones géographiques les plus densément représentées dans la base. BDSolU – qui constitue maintenant l’un des programmes du groupement d’intérêt scientifique GIS Sol – et ces fonds pédogéochimiques résultent du projet initial FGU (Fonds pédoGéochimiques Urbains) cofinancé par l’Ademe et le BRGM.
L’héritage environnemental de la Première Guerre mondiale
Le BRGM a co-encadré une thèse, soutenue en 2024, qui démontre que la brutalisation environnementale accompagnant les guerres modernes continue à marquer durablement les sols et les eaux. Portant sur le front occidental de la Première Guerre mondiale et ses arrières, ce travail de recherche transdisciplinaire propose une analyse des pollutions – toujours actuelles – générées par les faits de guerre mais aussi par le traitement industriel des restes explosifs, conduit à une échelle inédite dans l’entre-deux-guerres.
Échantillonnage de résidus de brûlage de munitions chimiques ex-allemandes sur le site dit « la place à gaz » dans la forêt de Spincourt, dans le département de la Meuse. © BRGM
Le rôle d’atténuation des écosystèmes côtiers face aux tempêtes
Thibault Laigre a remporté le prix BRGM de la thèse 2024 pour ses travaux qui démontrent l’efficacité des écosystèmes côtiers dans la réduction des impacts des tempêtes sur les îles de la Caraïbe. Combinant observations de terrain, analyses vidéo et simulations numériques, cette thèse co-dirigée par le BRGM dans le cadre du projet Interreg CaribCoast a fait l’objet de trois publications scientifiques et contribué à l’élaboration d’un guide méthodologique pour une gestion raisonnée du trait de côte. Des suites sont envisagées en Guadeloupe et en Polynésie française.
Les récifs coralliens, tout comme la végétation de haut de plage, contribuent à réduire les impacts des tempêtes sur les côtes des îles de la Caraïbe. © BRGM
La dépollution des sols contaminés par la chlordécone… par micro-ondes !
Le BRGM a co-signé, avec l’Anses et le laboratoire d’analyses de la Drôme, l’article intitulé « Microwave-enhanced thermal removal of organochlorine pesticide (chlordecone) from contaminated soils », paru dans le journal Chemosphere. Ce texte présente des résultats expérimentaux qui tendent à démontrer l’efficacité d’un traitement thermique par micro-ondes pour la dépollution de sols pollués par la chlordécone. La diminution des concentrations peut en effet atteindre 90 %, un taux bien supérieur à celui obtenu avec les techniques connues, comme la réduction chimique in situ (de 2 % à 40 % de diminution). Ces travaux pourraient déboucher sur un projet de recherche visant à préciser les performances et les domaines d’application de cette technique aux micro-ondes et à en étudier les conséquences environnementales.
Prédire la sinistralité associée au retrait-gonflement des sols argileux
Une thèse soutenue en 2024 et co-encadrée par le BRGM, avec Météo-France et la Caisse centrale de réassurance (CCR), a permis d’améliorer la caractérisation des facteurs d’occurrence du retrait-gonflement des sols argileux (RGA) afin de mieux quantifier statistiquement le nombre global de sinistres. Un indicateur appelé « magnitude annuelle de sécheresse » (YDMI) a été défini pour identifier les conditions susceptibles d’induire du retrait, puis calculé sur la France pour la période passée 2000-2022 et la période future jusqu’à 2065, suivant différents scénarios climatiques. Le YDMI par année et trois critères qualitatifs de susceptibilité des sols au RGA établis par le BRGM (minéralogie, lithologie, propriétés géotechniques) ont enfin été croisés avec des données assurantielles pour entraîner un modèle permettant de prédire le nombre de sinistres à l’échelle nationale.
Quel que soit le scénario climatique retenu, les projections montrent que la fréquence et l’intensité des sécheresses favorisant le retrait-gonflement des sols sont amenées à augmenter. © BRGM
Après-mine / Sécurisation en urgence du puits Saint-Roch à Vieux-Condé
Saisi par la Dreal des Hauts-de-France en juillet 2024, le BRGM est intervenu dans les plus brefs délais à Vieux-Condé, dans le Nord, pour sécuriser le puits Saint-Roch. Après un défrichage massif des abords de l’ouvrage, un scan en 3D a permis de quantifier à 135 m3 le volume de remblais perdus car probablement entraînés par les eaux d’un aqueduc – jusqu’alors inconnu – déversées dans le puits. Un premier comblement a été effectué en novembre avec des billes d’argile expansée. En complément, du coulis a été injecté en décembre pour stabiliser la dalle en béton. Une opération de renforcement des sols par injection est prévue au premier semestre 2025 pour pérenniser la sécurisation de la tête du puits tout en maintenant en service l’aqueduc, dont le tracé a entretemps été déterminé.
Représentation du puits Saint-Roch à Vieux-Condé (59), illustrant les volumes de matériaux de remblais perdus par débourrage. © IGECAV
Après-mine / Travaux de haute volée pour sécuriser des ouvrages miniers à Molèdes
En 2024, le BRGM a finalisé sur la concession de Fournial à Molèdes, dans le Cantal, la sécurisation de six anciens ouvrages miniers (puits, cheminées, galeries), recourant à des solutions adaptées à leur configuration complexe. Ainsi, pour la réfection d’une galerie passant sous une chaussée, un ouvrage de franchissement a été réalisé suivant des techniques de type « tunnel ». Pour intervenir sur un puits inaccessible aux engins par voie terrestre, un hélicoptère a apporté puis retiré le matériel de chantier. Enfin, pour préserver les chauves-souris présentes dans les ouvrages, leurs accès ont été maintenus et les travaux réalisés suivant un planning spécifique.
Des techniques de tunnel ont été mises en œuvre pour la réfection d’une galerie passant sous la route départementale RD 9 à Molèdes (15). © BRGM - DPSM
Après-mine / Vers une surveillance aéroportée des terrils de la Loire en échauffement
Certains terrils, aux abords d’anciens sites d’extraction du charbon, font l’objet d’une surveillance annuelle par le BRGM en raison d’un phénomène d’échauffement potentiellement dangereux. À Saint-Étienne, dans la Loire, le suivi des terrils de Couriot est opéré depuis 2024, à titre expérimental, par un drone équipé d’une caméra thermique. Ces levés aéroportés fournissent des orthophotographies précises, dont chaque pixel contient une estimation de la température en surface. La répétition de ces mesures année après année permettra de suivre l’évolution des échauffements connus et d’en identifier de nouveaux. Risquées pour les agents, les mesures de température effectuées jusqu’à présent à pied pourraient ainsi être en partie remplacées par des campagnes aéroportées.
Les orthophotographies thermiques des terrils de Couriot, à Saint-Étienne (42), fournissent une estimation de la température en surface. © BRGM