Repérage terrain pour la localisation des prélèvements de sol et de sédiments dans un bassin versant qui a été soumis aux retombées radioactives dans la préfecture de Fukushima. © BRGM – O. Evrard
Risques et aménagement du territoire
En bref
Accompagner le déploiement des cartographies d’exposition au recul du trait de côte
En 2022, sous le pilotage du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, le BRGM et le Cerema ont élaboré des recommandations méthodologiques pour la réalisation de la cartographie des zones exposées au recul du trait de côte à moyen (30 ans) et long terme (100 ans) à destination des communes volontaires pour mettre en œuvre les nouveaux outils réglementaires de la loi Climat et Résilience de 2021.
Le BRGM s’attèle aujourd’hui, avec le Cerema et suite à la signature en 2023 d’une convention avec le ministère, à la création d’un programme national d’accompagnement des services déconcentrés de l’État et des collectivités dans le lancement et le suivi des études nécessaires à l’élaboration de ces cartes locales : construction d’une trame de cahier des charges, mise en place d’un accompagnement technique, organisation de séances d’information régionales et nationales, mise en réseau d’une communauté d’acteurs.
Mieux prévoir la dispersion des radionucléides et évaluer leur impact sur l’environnement
Coordonné par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le projet Amorad cherchait à optimiser les modèles permettant de prédire la dispersion des radionucléides dans l’environnement et d’évaluer leur impact sur le milieu marin et les écosystèmes terrestres. Lancé initialement en 2013, il a bénéficié en 2019 d’une extension de son programme de recherche, portant sur l’évaluation de l’impact environnemental d’un accident nucléaire. Le BRGM était chargé de proposer une méthode pour quantifier l’exportation de radionucléides des bassins versants vers la mer.
Le modèle développé, calibré près de Fukushima puis intégré dans une chaîne d’outils mis au point par l’IRSN et le BRGM, a permis de modéliser – pour la première fois – la dynamique du transfert du césium 137 (Cs-137) depuis les dépôts surfaciques jusqu’à la mer, ainsi que l’évaluation des coûts directs de la contamination d’un territoire après un accident grave de réacteur nucléaire.
Une thèse sur la réhabilitation des sites aurifères en Guyane française
En partenariat avec l’IPREM (université de Pau et des Pays de l’Adour), ISTERRE (IRD), la société SAS-GAIA et le BRGM, la thèse CIFRE de Naomi Nitschke étudie le devenir du mercure et du plomb en lien avec la réhabilitation des sites aurifères et la re-fonctionnalisation des sols en Guyane Française.
Plusieurs campagnes de mesures des flux temporels de ces éléments pendant des épisodes pluvieux, ont été menées sur le site d’Awa à Grand Santi, dans l’ouest de la Guyane, pour y prélever des eaux, des matières en suspension et des sols. Le projet s’élargit en 2024 par des collaborations avec la Direction générale terre et mer (DGTM) et la collectivité territoriale de Guyane.
Placettes de mesures des flux de surface sur une zone réhabilitée depuis deux ans (site d’Awa, Grand Santi). © BRGM
Lancement de PFASTWIN avec l’université de Belgrade
L'objectif du projet PFAStwin est de renforcer les capacités de la Faculté de chimie de l'université de Belgrade (UBFC) dans l’analyse et la (bio)remédiation des PFAS, ainsi que la gestion de projets Horizon Europe, via une collaboration avec les instituts de pays partenaires : France et Espagne. Le professeur Vladimir Beskoski a été accueilli en octobre 2023 au BRGM en tant que chercheur invité, afin de visiter nos locaux et les dispositifs expérimentaux, et d’échanger avec nos chercheurs. Un workshop s’est tenu sur la thématique des PFAS, avec des présentations des travaux réalisés sur la thématique au BRGM, à UBFC ainsi qu’au Swedish Geotechnical Institute (SGI).
Impacts environnementaux des sargasses : arsenic et chlordécone en jeu
Le BRGM coordonne le projet ANR SargAs&CLD (2020-2023) avec six partenaires, sur les risques environnementaux liés aux sargasses (algues brunes) dans les Antilles. Les sargasses, échouées en bord de plage puis stockées à l’intérieur des terres, contiennent de l’arsenic et de la chlordécone. Elles libèrent des jus avec de l’arsenic pouvant atteindre 10 mg/L, produisent des arsines sous forme de gaz, et contiennent également des genres microbiens potentiellement pathogènes. Cette situation préoccupe fortement les autorités locales et les populations. Le volet sociologique du projet montre que 38 à 52 % des personnes interrogées font confiance à l’État pour gérer la crise et seulement 5 à 10 % aux scientifiques !
Les travaux du BRGM montrent que ces substances dans les jus de sargasses peuvent être éliminées en utilisant des géomatériaux naturels de Martinique et Guyane française, et des charbons actifs dopés avec du fer. Le BRGM collabore avec les autorités locales afin de dimensionner des unités de traitement des jus, et d’étudier le risque environnemental dû à la présence de sargasses sur les plages et leur stockage dans les terres.
Agent collectant des sargasses sur la plage de Viard (Petit-Bourg, Guadeloupe, 2023). © BRGM – S. Chapron
Protéger le lagon de Mayotte de l’érosion des sols et de l’envasement
Le lagon de Mayotte est menacé par les apports terrigènes venus certes des « padzas » (badlands) mais aussi et surtout des parcelles agricoles sarclées (manioc, banane) et des multiples chantiers de construction pour faire face à une pression démographique exponentielle (+45 % d’habitants en 10 ans). Dans le cadre du projet Leselam (Lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon à Mayotte) initié en 2015, un observatoire a été mis en place sur trois bassins versants pour assurer un suivi en continu du ruissellement et de l’érosion. L’intégration des données collectées dans le modèle de transfert sédimentaire Watersed a permis au BRGM de produire la première cartographie quantitative de l’érosion de l’île, en 2018 puis 2022 : en quatre ans, la quantité de terre ayant fini dans le lagon a augmenté de 17 % (près de 25 000 tonnes en 2022) !
Le projet Leselam prévoit également la diffusion de bonnes pratiques auprès des agriculteurs, la sensibilisation de la population mahoraise dont les enfants (interventions en milieu scolaire) et diverses campagnes de communication (film, dessin animé, pièce de théâtre…).
Panache turbide dans le lagon de Mayotte. © BRGM
Après-mine / Mise en sécurité d’émissions de méthane en milieu urbain à Petite Rosselle
Dans le bassin houiller lorrain, GRDF a mesuré du méthane sur la commune de Petite-Rosselle (57), au-dessus d’anciennes zones d’activités minières. Le DPSM a réalisé des mesures pour déterminer l’étendue du phénomène, le quantifier et caractériser les gaz présents (CH4, H2S, CO, O2, CO2), et pour finir caractériser l’origine de ces gaz. Les campagnes de terrain menées par le DPSM-UTAM EST ont permis de vérifier que les habitations ne présentaient pas de teneur en méthane significative. Les analyses isotopiques pointent une origine minière très probable. L’historique de l’exploitation du charbon sur cette commune, ainsi que la présence de nombreuses failles semblent expliquer la migration de ces gaz, depuis le charbon vers la surface.
Le DPSM a installé un dispositif de drainage sur deux niveaux de profondeur, raccordé à un exutoire, qui permet de prévenir l’apparition de gaz dans des concentrations significatives en surface, afin de garantir la sécurité des habitants et des usagers de la voirie.
Mesures de gaz par les agents du DPSM-UTAM EST. © BRGM
Après-mine /Comblement de cavités de l’ancienne mine de fer à May-sur-Orne
Depuis 2008, le DPSM-UTAM CENTRE-OUEST effectue la surveillance par vidéo-laser d'une portion de la galerie « Z20a » située à la verticale d'un bâtiment à cinq mètres de profondeur seulement, sur la commune de May-sur-Orne (14). Compte tenu de cette faible profondeur, il a été décidé de mettre la zone en sécurité. Solution retenue : le comblement intégral des vides identifiés, réalisé en deux phases à la suite de la découverte de vides complémentaires. Une opération qui a permis de supprimer le risque de fontis (effondrement du sol en surface) et d’abaisser de « fort » à « faible » le niveau d’aléa. Mais également de supprimer l’inspection vidéo-laser annuelle sur deux forages.
Forage dirigé avec une inclinaison à 28° et une profondeur de 8,8m, pour la recherche de vides sous le bâtiment. © BRGM
Après-mine / Réhabilitation de réseaux hydrauliques de dépôts de résidus miniers à Fontsante
La mine de fluorine de Fontsante à Tanneron (83), exploitée de 1963 à 1986, a produit 400 000 à 800 000 tonnes de résidus miniers riches en fluor et en éléments traces métalliques, dont de l’arsenic et de l’aluminium stockés aux dépôts du Lenté et de Saint-Barthélemy, soit 2 km en amont de la retenue de Saint-Cassien, qui assure l’alimentation en eau potable de Cannes. Les deux dépôts sont surveillés par le DPSM-UTAM SUD dans le cadre de sa mission après-mine. Une érosion des couvertures des dépôts, une topographie favorable à l’infiltration, ainsi que l’apparition de résurgences, avec des précipitations d’oxyhydroxydes de fer en périphérie des dépôts et de pics de concentration en arsenic et en fluor dans l’eau rejoignant la retenue de Saint-Cassien, ont conduit le DPSM à préconiser aux services de l’État la restauration de ces deux dépôts par un remodelage partiel de leurs couvertures et un renforcement de leurs réseaux hydrauliques.
Les travaux ont été réalisés d’octobre 2022 à avril 2023, avec l’appui d’une mission de maîtrise d’œuvre et d’un accompagnement écologique de chantier. Le défrichement d’abord, puis des terrassements sur le dépôt du Lenté (décapage de la terre végétale, décroûtage d’une piste d’aéromodélisme en enrobé, création d’une cellule de stockage de résidus issus du chantier, comblements de cuvettes topographiques et reprofilage de la couverture). Ont suivi la réhabilitation et la création de réseaux hydrauliques, le réensemencement des zones mises à nu par les travaux, et enfin le renforcement du dispositif de fermeture des accès aux deux dépôts (clôtures, barrières d’accès…).
Vue d’ensemble du dépôt du Lenté en cours de travaux. © BRGM